A peine sortis d'un épisode sportif riche en résultats (les championnats départementaux de cross-country), nous voici confrontés à une autre réalité : la souffrance dans le sport.
Incarnée au LMA par les douleurs à répétitions de plusieurs de nos athlètes champions, tels Hassan Issengar (sa victoire en 2013 dans la 3e édition de l'Ane et le Chat (sur le 18km) où à l'arrivée le champion s'écroule et crache son sang et se tord de douleurs pendant un long moment. La performance de Mohamed Abdellaoui lors des championnats du loiret de cross 2013 (dans le parc du château de Meung sur Loire), où malade mais pour son club chez lui, consent à faire un effort surhumain pour s'imposer de justesse au sprint.
Les exemples sont nombreux de sportifs bien connus qui se transcendent au travers de la douleur. Un de ceux-ci nous vient d'un garçon, sans doute exceptionnel, Cédric Largajolli, mais dont le comportement provoque l'admiration. Le voici sous les feux de la rampe, interviewé par Alain Gourgusse, du quotidien la République du Centre, un peu avant son départ pour Israël, où il doit participer à l'Ironman d'Eilat.
comme chacun pouvait le penser... connaissant l'athlète ...
il est allé, une fois de plus, jusqu'au bout de lui-même, terminant cet ironman, par un marathon en 4h11'
voici le récit de cette nouvelle et cruelle aventure (pour nous) mais oh ! salutaire dans son esprit pour notre athlète champion :
Cédric Largajolli en Israël pour un triathlon longue distance
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Cédric Largajolli.- photo la rep’
C'est devenu une habitude pour Cédric Largajolli (LMA, Meung-sur-Loire). C'est en effet la quatrième fois qu'il part à Eilat et dans le désert du Néguev (Israël) pour un triathlon.
En 2009, 2011 et 2013, il a souffert dans la chaleur israélienne. Mais, il remet ça. 4 kilomètres de natation dans la mer Rouge (« on voit l'Égypte et la Jordanie en face, c'est magnifique », s'extasie-t-il), 180 kilomètres de vélo (avec des pentes dans la montagne jusqu'à 15 %) et enfin un marathon (environ 42 kilomètres)… Voilà ce qui attend le triathlète du LMA, aujourd'hui en Israël.
« C'est atypique. On a l'impression que le monde nous appartient puisqu'on évolue sur une autoroute coupée », souffle un Cédric Largajolli assez impatient d'en découdre. « Au fur et à mesure, on est isolé dans la course. C'est assez magique. Avec des montées, des descentes et un fort vent latéral. »
« Un autre esprit qu'en Europe » Il ne sera pas seul pour affronter tous ces éléments puisque Sébastien Mallet (OTC 45) participera au Half Israman (la moitié des distances). Un voyage, il faut le souligner, qui a été rendu possible grâce au soutien de Cyril Krammer, rencontré lors d'un précédent triathlon en Israël.
Pour Cédric Largajolli, la compétition et la gagne ne sont pas le but ultime. La fraternité est une qualité importante à ses yeux : « Sur ce triathlon, quand les concurrents se doublent, ils s'encouragent. C'est un autre esprit qu'en Europe. C'est ce qui m'a plu à chaque fois que j'y suis allé. Le dépassement de soi mais dans le respect de l'autre. »
Alban Gourgousse
alban.gourgousse@centrefrance.com
et voici le récit fait par Cédric au lendemain de son retour sur le sol français :
Depuis le moment de plénitude atteint à l Ironbask le 14 septembre (6ème avec de supers moments partagés avec le team et Géki pour son 1er Iron), la rentrée en formation d'EJE et un épuisement profond du foie et des reins ont engendré trois mois de souffrance physique et de remises en question.
Poussé par les amis et par les joies intenses et réponses que l'Israman a pu me procurer aux cours de mes trois précédentes participations , je me suis accroché en remplacant le run par du cardio-elliptique et par des soins intensifs (merci Jean-Baptiste Della Valle alias Prof). Après 2 mois et demi sans courir et une dernière hypothermie le week end précédant l'épreuve, nous partons avec Sébastien Mallet alias Géki l'Ours et Mehdi Méziane pour la Terre Sainte , en espérant qu'un miracle se produise =).
Retrouvailles magiques avec les Fréros d'Israel Niv Edri et Ohad Sinai, qui nous offrent le repas au repére des Freros le Monkey Bar : Thanks Brothers ;)
Vendredi 17 janvier , 6h15 : Nous sommes environ 250 à nous élancer sur cette Ironman mythique à travers la Mer Rouge et montagnes du désert du Negev. Au vu de ma fragilité , j 'opte pour une course à l'économie, l'objectif étant de franchir la ligne, comme un symbole de la volonté de toujours avancer, et de partager de belles émotions avec mes amis présents sur place ou qui me suivent depuis leur PC en France ;)
2 boucles de 2km dans une mer limpide mais un peu agitée au retour. Natation axée sur la glisse, sans battement de jambes pour conserver mon peu d'énergie. Sorti 14 ème de l'eau.
Après une transition tranquille, c'est parti pour 180km de vélo à travers les montagnes,
et par son traditionnel "échauffement" de 12km d'ascension à 10/15 pour cent =). Vélo tout en gestion, concentré sur la beauté de ce paysage lunaire et sur mon alimentation. Je rattrape Géki (parti sur le half Ironman un peu plus tôt), on s'encourage tout en poursuivant nos efforts respectifs à travers la succession de montées et descentes interminables et sous un soleil incandescent. Au demi-tour , je croise Ohad et Niv qui ont décidé de faire course commune pour la beauté du sport.
Je pose ce vélo tout en gestion après 6h26, soit déja 7h35 d'efforts cumulés,toujours 14ème.
Encouragé par un ami francais installé depuis quelques années en Israel Yvon Maier, un sourire et ça repart =)
13h50: début de l'heure de vérité, savoir si le corps et l'esprit me permettront de rallier l'arrivée. Le marathon commence par l'ascension réalisée au début du vélo, mais en sens retour : soit 10km de descente infernale,une torture pour les quadriceps qui doivent supporter tout l'impact du corps, surtout après un effort prolongé à vélo dans les montagnes.
Dès les 1ères foulées, je m'apercois que les séances de cardio ne remplacent que partiellement la course et mes sensations sont totalement absentes : tout va se jouer dorénavant dans la tête. Mes jambes me brulent , les fibres musculaires se cassent très vite , je suis contraint de réaliser 3 portions d'1 km en course arrière afin de soulager mes quads. Certains concurrents s'interrogent alors. Je leur réponds : "Everythong is OK, I just will try to finish the race even if I can't run".(tout est OK, je veux juste finir l'épreuve même si je ne peux plus courir)"Strong"(trop fort) me répondent-ils. En bas de la descente , je ne peux plus déplier les jambes, Mehdi me soutient et me masse un peu. Je repars, "plus que" 30km en 3 allers-retours le long et dans la ville ... Ohad et Niv me rattrapent dans mon 2eme tour (ils sont dans leur 1er), Ils me tendent la main, ils voient que je souffre. au demi tour , Niv s'apercoit que je suis à la limite , il me dit alors : "All IS IN YOUR MIND BRO" (tout est dans la tête, fréro).Ces paroles auront un effet salvateur , je m'y accrocherais durant ces 17 derniers kilomètres. Les 2 derniers sont effectués avec Mehdi. Je franchis enfin la Finsh Line après 11h48min d'effort, en 23ème position =)
Moment d'intense émotion à l'arrivée , le speaker et Amit le patron d'Isrotel m'attendent pour une interview spécial frenchie , partagée avec mon Fréro Sébastien Mallet qui m'attendait depuis la fin de son half ironman quelques heures plus tôt.
Merci à Cyril pour tout le soutien apporté et sans qui cet Israman 2014 n'aura sans doute pas eu lieu d'etre.
Merci à tous ceux qui , de près comme de loin, nous ont suivi durant cette journée particulière et qui nous ont donné l'envie et la force d'aller jusqu'au bout.
voici donc ce récit incroyable fait par Cédric, acteur absolument génial défiant la souffrance absolue et entraînant dans son sillage d'autres acteurs sublimement motivés. (antony)