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14 novembre 2017 2 14 /11 /novembre /2017 10:47

compte rendu très bien fait de la part d'un athlète du LMA 45 ayant participé ....

Marathon de New-York (2017) compte rendu de Guillaume Pinault (LMA)

 Il est 6h30 et nous voilà montés dans le bus qui attendait devant l'hôtel. C'est parti pour 1h de route, direction le pont Verrazzano, endroit où sera donné le départ du New York City Marathon 2017. L'excitation montait peu à peu, malgré une nuit très courte et des traits bien tirés. A 8h nous descendions enfin du bus, direction le check point et le pipi (+caca) room. Des centaines de WC installés afin de satisfaire le plus grand nombre : vraiment impressionnant !!

Place maintenant à un léger échauffement de 15-20 min afin de chauffer la machine encore endormie, lignes droites-talons fesses-montées de genoux-éducatifs-etc ... Mon copain Alex et moi-même étions prêts à en découdre. Direction ensuite la porte A du SAS 1 où étaient présents tous les marathoniens courant en moins de 2h45’-50’ : le niveau semblait élevé ! Il est 9h20 et la porte s'ouvre, tout le monde s’agglutine,  telles des bêtes féroces, au niveau de la ligne de départ, derrière les quelques dizaines d'élites ! Le début du show à l'américaine pouvait commencer : discours du maire de New York, hymne God bless America, chanté à capella donnant des frissons puis défilé des hélicopters. L'heure approche. La pression monte, derniers réglages : des lacets, des gels, de la ceinture, etc.

C'est parti, il est 9h50 ...

je me place rapidement dans un bon petit groupe à 3'50 au km. Tout va bien, ça mouline !! Je passe en 19'15 au 5ème km et de plus en plus de spectateurs sont présents au bord de ces immenses boulevards. Ca donne du power et je passe au 10ème km sans encombres ... les jambes répondent bien et les nombreux ravitaillements (tous les 2-3 kms) nous permettent de bien boire. Nous sommes de plus en plus portés par la foule dans ces magnifiques rues de Brooklyn où DJ's et danseurs hip hop étaient présents. On voit ça nul par ailleurs ! J'aborde le 15e km avec une petite pointe au mollet droit. Cela m'inquiète un peu et à cet instant je me dis que ce marathon va être très dur. J'essaie de ne pas y penser regardant autour de moi pour capter des ondes positives. Effectivement, la douleur semble passer peu à peu, alors que nous traversons le quartier juif, où il n'y avait pas un bruit ... étrange ! Je passe au semi en 1h22'10s, tout va bien !  Pas pour longtemps car je gère mal un ravito en laissant tomber ma potion magique. Je m'arrête alors pour la ramasser et perds un peu de temps, en choppant par la suite un mauvais point de côté (au 23ème), m’obligeant à ralentir un peu. Tout rentre dans l'ordre quelques minutes plus tard en retrouvant mon petit groupe.

 Nous arrivons dès à présent dans Manhattan, avec une foule en délire qui était amassée au pied du fameux pont Queensborrow : l'émotion est vive et les jambes se font lourdes peu à peu. Nous voilà sur la célèbre 1ère avenue, tout en faux plat montant  interminable. L'épreuve du marathon pouvait ainsi débuter, et je me dis à cet instant : "c'est maintenant que tu dois résister, on va voir qui est réellement bien monté dans ce short porté" (sic).  Je passe le 30ème en serrant les dents,  le pont  présent dans le Bronx me provoque les toutes premières crampes : c'était le début d'une longue série comportant un 10 km le plus long et plus dur de toute ma vie... L’allure ralentissant  peu à peu, mes cuisse se durcissaient et ma tendinite au genou, contractée quelques semaines auparavant, se réveillait. Tous ces paramètres m'ont forcé à renoncer à ce fameux chrono de 2h45-50. Je passe le 35ème dans un sale état et décide de "débrancher mon cerveau". Ne plus penser à rien, tenter d'oublier ces atroces douleurs et essayer de se raccrocher à certaines pensées personnelles. Nous longions Central Park et empruntions les fameuses ruelles du parc nommées "les montagnes russes".

Je comprends pourquoi à cet instant précis, je n'en pouvais plus, et chaque côte (et descente) étaient un supplice. Je tente de me refaire la cerise en recherchant ce qu’on appelle le  second souffle … en vain ! Je trottine et ma vitesse chute encore: 4' au km, puis 4'05, puis 4'10. Je résiste tant bien que mal et me jure de ne jamais m'arrêter. Je me suis répété plusieurs fois cette pensée profonde : "si tu arrêtes, t'es une grosse fiotte » (sic). On se motive comme on peut lors de ces derniers kms qui apparaissent interminables. Preuve en est :  j'effectue les deux derniers kilomètres en 13 minutes. Entre-apercevant enfin la ligne d'arrivée, je tente alors une dernière accélération pour passer sous les 3h, mais les jambes ne répondent plus, et les crampes se généralisent au niveau mollets-quadri-ischios-ventre,  le genou est en feu. Je passe la ligne en 3h00'43s comme je peux en m'écroulant dans les bras du 1er bénévole venu. Quatre hommes viennent rapidement à ma rencontre avec un brancard m’emmenant directement sous l'immense tente blanche qui était dressée tout près de l'arrivée. En pénétrant dans cette salle, une centaine d'étudiants kiné bénévoles m'ovationnait, alors que j'étais au plus mal. Déposé sur la 1ère table de massage venue, on me chouchouta pendant près d'une heure afin que je reprenne des forces et mes esprits. Chaque instant de cette magnifique épreuve restera à jamais gravée dans ma mémoire et, pour le moment, mon plus beau souvenir sportif. Vivement le prochain ... et place désormais à une récupération bien méritée pour repartir vers de nouvelles échéances.

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commentaires

A
Je suis sûr qu'il te dit à très bientôt... (alias Guillaume Pinault) ... mais y seras tu ? ...<br /> .... sous tes couleurs de club ... lui OUI !
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S
bravo mon guigui très beau recit.tu as été au bout de toi même malgré tes douleurs <br /> chapeau a toi bonne recup et a très bientôt<br /> bisous
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A
je n'ai pas réussi à te coller en photo ... seul le texte est passé.<br /> je vois José pour remédier à ce problème. ce compte rendu est édifiant ... il stigmatise bien la difficulté de l'entreprise. T'es un vrai héros, Guillaume. Rien à voir avec tous ceux et celles qui se cherchent désespérément de la valeur physique dans des courses de quartiers.
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